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La famille Wu : l’héritage vivant du Tai Chi Chuan

Les origines : Wu Jianquan (吳鑑泉 / Wú Jiànquán)

Les origines : Wu Jianquan (吳鑑泉 / Wú Jiànquán)

Voici une première photo datant des années 1930.
Au centre, vous reconnaîtrez peut-être Wu Jianquan, figure emblématique du style Wu de Tai Chi Chuan.

Son portrait vous est familier : il est affiché devant vous à chaque entraînement.
Dans de nombreuses disciplines martiales, il est d’usage d’honorer le fondateur en exposant son image.

Ce geste, simple en apparence, transmet bien plus qu’une photo :

  • Il installe une atmosphère faite de rigueur, de concentration et de respect.
  • Il nous rappelle que le Tai Chi Chuan que nous pratiquons aujourd’hui s’inscrit dans une lignée, transmise de génération en génération, jusqu’à notre propre maître.

Même sans connaître toute l’histoire du Tai Chi Chuan, on ressent intuitivement que ce qui est enseigné est un héritage vivant, un art transmis avec soin, dans le respect de ses racines et de ses principes.


📖 Un peu d’histoire…

🧧 Maître Wu Jianquan (1870 – 1942)

Fils de Wu Quanyou (吳全佑 / Wú Quányòu), officier mandchou de la garde impériale et élève de Yang Luchan (楊露禪 / Yáng Lùchán), fondateur du style Yang,
Wu Jianquan enseigna le Tai Chi Chuan au 11ᵉ corps de la garde présidentielle, formant ainsi les gardes du palais et les élites militaires.

En 1936, il fonde à Shanghai la Jianquan Taijiquan Association, qui deviendra un centre majeur de diffusion du style Wu.

Les familles Wu et Yang, très proches, collaborèrent longtemps sur le développement du Tai Chi Chuan.
Mais c’est Wu Jianquan qui adapta la pratique pour la rendre accessible à tous, marquant ainsi la naissance du style Wu tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il eut deux fils — Wu Gongyi (1900 – 1970) et Wu Gongzao (l’un des maîtres de Maître Billy Tsé) — ainsi qu’une fille, Wu Yinghua (吳英華 / Wú Yīnghuá).


Ma Yueliang (馬岳樑 / Mǎ Yuèliáng) et ses élèves

Ma Yueliang (馬岳樑 / Mǎ Yuèliáng) et ses élèves

Sur cette deuxième photo, on voit Ma Yueliang, au centre, tenant un éventail, entouré de ses élèves.

Issu d’une famille mandchoue, peuple nomade réputé pour sa maîtrise du combat rapproché, Ma Yueliang fut disciple de Wu Jianquan.
Durant sa formation, il rencontra Wu Yinghua, la fille du maître, qu’il épousa en 1930.
Ensemble, ils eurent plusieurs enfants et participèrent activement à la diffusion du style Wu en Chine et dans le monde.


La transmission : la famille Ma

Cette dernière photo montre la famille Ma :
Wu Yinghua, Ma Yueliang et, à droite, leur fils Ma Jiangbao (馬江豹 / Mǎ Jiāngbào).

C’est ce dernier qui jouera un rôle essentiel dans la transmission du Tai Chi Chuan Wu en Europe, notamment auprès de Maître Billy Tsé.

La poésie du Kung-Fu

Chaque style possède sa propre panoplie de techniques — des gestes d’attaque et de défense qui forment l’alphabet de notre kung-fu.

Ces exercices fondamentaux, où chaque mouvement devient une lettre gravée dans le corps, s’enchaînent pour devenir des mots. Ensemble, ils forment le vocabulaire corporel de notre art.

Vient ensuite la posture, la respiration, la fluidité intérieure : c’est le shen fa, la calligraphie du kung-fu, où le corps devient pinceau et l’espace, la page blanche. C’est la manière d’écrire, la plume invisible qui façonne le style et donne une âme à nos mots.

Les enchaînements codifiés face à des adversaires imaginaires deviennent un dialogue. Chaque technique est une conversation en mouvement, porteur d’une stratégie, d’un rythme, d’une intention. Ce sont les taolu, les chapitres d’un art martial devenu langage.

Et lorsque les mots, l’écriture et les chapitres s’unissent…

C’est un poème qui prend vie.

Un art.

Une mémoire.

Un language silencieux.

Qui transforme…

La brutalité en grâce,

La confrontation en harmonie,

Le combat en dialogue intérieur.

☯️ Tid Wan Tang

Sagesse de Chinda

« Le Tai Chi Chuan et le Kung Fu Wushu sont des termes génériques.
Avant d’envisager un changement de nom pour notre école, il est essentiel de clarifier ce que nous pratiquons réellement.

En tant qu’ancien élève — et toujours élève — du Maître Billy, je considère que notre école est une véritable perle rare, profondément ancrée dans la tradition.

Concernant le Tai Chi :

Maître Billy nous enseigne le Tai Chi de la famille Wu, à l’exception de la forme aux doubles éventails.
Personnellement, je pratique également le Tai Chi de la famille Yang, mais je suis très attaché à celui de la famille Wu, car il est plus rare et conserve une certaine originalité.

Concernant le Kung Fu :

Maître Billy nous transmet deux styles authentiques et traditionnels :
•⁠ ⁠Le style ou famille Hung (Hong)
•⁠ ⁠Le style Hap, développé par les moines tibétains

À propos du Kung Fu Wushu moderne :

Le Kung Fu Wushu tel qu’on le voit aujourd’hui en compétition a été créé il y a environ 60 ans, à peu près en même temps que la gymnastique acrobatique au sol.
Son objectif principal est la performance visuelle et athlétique. Il mélange des mouvements issus de plusieurs styles traditionnels pour produire des formes spectaculaires, destinées aux démonstrations ou aux concours.

Les pratiquants expérimentés et avertis, en quête d’une pratique traditionnelle authentique, reconnaissent que notre école est une perle rare — mais encore faut-il le faire savoir.

Ce n’est là que mon avis personnel. »

Chinda, élève avancé de sifu Tsé

Sifu et maitre quelle est la différence ?

Définition

Nous sommes ici face à deux termes issus de langues et de cultures différentes, qui désignent un concept similaire mais avec des nuances importantes de portée et de signification.

En chinois

« Sifu » en chinois signifie littéralement « celui en charge de l’apprentissage » ou « figure paternelle responsable de l’apprentissage, » selon son écriture. Ce terme peut s’appliquer dans trois cas :

  • Celui qui maîtrise une discipline
  • Celui qui enseigne une discipline
  • Celui qui représente une discipline

Dans chaque cas, le terme « Sifu » intègre toujours la notion d’apprentissage et est lié à une discipline spécifique, sans jamais inclure d’idée de possession ou de domination.

En France, « Sifu » est souvent traduit par « Maître de Kung Fu, » bien que cette traduction puisse parfois être simpliste ou inadéquate.

En français

Le terme « Maître » en occident est plus large et moins précis, couvrant au moins sept définitions différentes :

  1. Celui qui exerce son autorité
  2. Celui qui exerce sa domination, ou qui peut avoir un rôle de soumission (par exemple, dans le cadre de relations sexuelles)
  3. Celui qui enseigne une discipline
  4. Celui qui possède ou est propriétaire de biens, d’esclaves ou d’animaux
  5. Celui qui domine un art
  6. Celui qui est responsable d’une tâche (Maître des comptes)
  7. Titre militaire ou professionnel (avocat, par exemple)

Il est donc difficile de traduire le terme « Maître » du français au chinois, car des composantes telles que la domination et la possession, présentes dans le mot « Maître », ne font pas partie de la définition de « Sifu, » qui se limite essentiellement à la notion d’apprentissage et, dans certains cas, de responsabilité.

Les différences

La relation au terme « Maître » en occident est différente de celle du terme « Sifu » en Chine. En occident, il est relativement aisé de s’attribuer le titre de « Maître » grâce à un diplôme, un statut, ou une propriété. Par exemple :

  • « Je suis le maître de mon chat, Coco. »
  • « Je suis le maître de cérémonie. »
  • « Je suis maître à la cour. »

Le titre est souvent formel et reconnu selon des critères bien définis, tels qu’un diplôme ou une reconnaissance professionnelle.

En Chine, le terme « Sifu » est plus complexe. Il est facilement attribué aux autres, mais rarement utilisé pour soi-même, par humilité et bienséance. La culture chinoise accorde une grande importance aux titres et à la hiérarchie : chaque rôle, position ou génération possède un titre spécifique. Par exemple, en chinois, le terme pour « oncle » varie en fonction de la lignée, de la position hiérarchique et de la génération.

« Sifu » est d’abord une marque de respect et de politesse avant d’être un titre. Il est couramment utilisé pour désigner une personne maîtrisant ou enseignant un art particulier : la conduite, la cuisine, le chant, le combat, etc. Cette notion de respect découle de la maîtrise d’un art.

Dans l’usage, le titre « Sifu » est suivi du nom de famille si celui qui l’utilise n’est pas un élève direct. Seuls les élèves utilisent « Sifu » sans nom de famille, ce qui marque un lien d’apprentissage. Par ailleurs, il existe une différence entre « élève » et « disciple » : le disciple utilise exclusivement « Sifu » comme titre, indiquant un engagement plus profond, alors que l’élève ou l’étudiant peut employer des termes plus génériques tels que « Jiaolian » (Coach) ou « Laoshi » (Professeur).

« Sifu » devient un véritable titre lorsqu’il inclut l’héritage et la responsabilité de préserver un enseignement. Ce titre n’est donc pas purement honorifique, car il contient aussi l’idée de transmission et de représentation d’une tradition.

Traduire mot pour mot un terme d’une langue à une autre sans prendre en compte les différences culturelles peut conduire à des malentendus. En français, le terme « Sifu » semble souvent galvaudé lorsqu’il est considéré uniquement comme un titre honorifique, alors qu’il est avant tout une marque de respect liée à la responsabilité de l’enseignement.

Comme le dit souvent Sifu Billy Tsé lorsqu’on l’appelle « Maître » : « Un mètre 70 ! »

Kevin

Podcast sur le Hung Gar

Je vous invite aujourd’hui à enfin découvrir l’Histoire et les spécificités du style Hung Gar Kuen (洪家拳), sûrement le plus pratiqué au monde avec le Wing Chun.

Émission proposée par Ghyslain Kuehn, rédacteur en chef du site de référence des arts martiaux chinois : www.wukongwushu.com et hôte de la chaîne Youtube Wushu Quest.

Avec la participation exceptionnel de l’école Hon Hap Kune au travers de Kevin Kim Heng, élève de maitre Billy Tsé qui a participé à l’écriture et la relecture des 8 épisodes que comporte cette série de podcast passionnante sur le Hung Gar.

Le salut Hung Gar

五湖四海皆兄弟
Des 5 lac et des 4 mers nous sommes une fraternité

Le salut Hung gar, exécuté avant chacun des tao a un sens bien plus profond qu’un simple signe de respect.

Première partie le ming 明
La main gauche ouverte représente le Ying et la tranche la lune 月
La main droite fermé représente le Yang et le jour 日
Assemblé, les 2 mots forment le caractère Ming 明, dynastie renversé par la dynastie Qin contre lequel les Hung men étaient en résistance.

Seconde partie.
Fan Qing fu Ming 反清复明
Opposé à la dynastie Qing, la société secrète des Hung men souhaitait la restauration de la dynastie des Ming. Le geste de retournement de fin de salut signifie donc le renversement du gouvernement Qing et le rétablissement de la dynastie Ming.

Troisième partie
五湖四海皆兄弟
Des 5 lac et des 4 mers nous sommes nous sommes une fraternité
La main droite représente les 5 lacs de la Chine et les 4 doigts de la main gauche dont le pouce est replié represente les 4 mers qui bordent la Chine.

Compilation :
L’unité de la fraternité des Hung Men des 5 lacs et des 4 mers de la Chine s’oppose à la dynastie Qing afin de la renverser et restaurer la dynastie légitime des Ming.

 

Avec le temps l…

Avec le temps le pratiquant améliore sa précision, fluidifie le geste, renforce les postures, accélère les mouvements, génère du chi et se remet en question, encore et encore jusqu’à obtenir la satisfaction puis la sérénité.

Traditional Chinese Hung Gar Kung Fu

It is a shame that the old Masters are passing-away, and very few students today are learning the complete art. What is left behind is a diluted version of the art, lacking the spiritual depth, the traditional values, and the respect and understanding of the martial element. Part of the culture is lost, together with the values, life skills, personal development, and the experience of walking the lonely, tough, and never ending path where the real lesson is learning about the self through perseverance and hard work.
Although we see that the traditional art may be dwindling, we still can see examples that:
« In a society conditioned to scientific analytical thinking, the acquisition of instant knowledge, expectations of effortless understanding, idolization of economic values, and immediate gratification, there are still those who can appreciate the rewards from the journey of learning a traditional art » …. Gam Bok Yin