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Sifu et maitre quelle est la différence ?

Définition

Nous sommes ici face à deux termes issus de langues et de cultures différentes, qui désignent un concept similaire mais avec des nuances importantes de portée et de signification.

En chinois

« Sifu » en chinois signifie littéralement « celui en charge de l’apprentissage » ou « figure paternelle responsable de l’apprentissage, » selon son écriture. Ce terme peut s’appliquer dans trois cas :

  • Celui qui maîtrise une discipline
  • Celui qui enseigne une discipline
  • Celui qui représente une discipline

Dans chaque cas, le terme « Sifu » intègre toujours la notion d’apprentissage et est lié à une discipline spécifique, sans jamais inclure d’idée de possession ou de domination.

En France, « Sifu » est souvent traduit par « Maître de Kung Fu, » bien que cette traduction puisse parfois être simpliste ou inadéquate.

En français

Le terme « Maître » en occident est plus large et moins précis, couvrant au moins sept définitions différentes :

  1. Celui qui exerce son autorité
  2. Celui qui exerce sa domination, ou qui peut avoir un rôle de soumission (par exemple, dans le cadre de relations sexuelles)
  3. Celui qui enseigne une discipline
  4. Celui qui possède ou est propriétaire de biens, d’esclaves ou d’animaux
  5. Celui qui domine un art
  6. Celui qui est responsable d’une tâche (Maître des comptes)
  7. Titre militaire ou professionnel (avocat, par exemple)

Il est donc difficile de traduire le terme « Maître » du français au chinois, car des composantes telles que la domination et la possession, présentes dans le mot « Maître », ne font pas partie de la définition de « Sifu, » qui se limite essentiellement à la notion d’apprentissage et, dans certains cas, de responsabilité.

Les différences

La relation au terme « Maître » en occident est différente de celle du terme « Sifu » en Chine. En occident, il est relativement aisé de s’attribuer le titre de « Maître » grâce à un diplôme, un statut, ou une propriété. Par exemple :

  • « Je suis le maître de mon chat, Coco. »
  • « Je suis le maître de cérémonie. »
  • « Je suis maître à la cour. »

Le titre est souvent formel et reconnu selon des critères bien définis, tels qu’un diplôme ou une reconnaissance professionnelle.

En Chine, le terme « Sifu » est plus complexe. Il est facilement attribué aux autres, mais rarement utilisé pour soi-même, par humilité et bienséance. La culture chinoise accorde une grande importance aux titres et à la hiérarchie : chaque rôle, position ou génération possède un titre spécifique. Par exemple, en chinois, le terme pour « oncle » varie en fonction de la lignée, de la position hiérarchique et de la génération.

« Sifu » est d’abord une marque de respect et de politesse avant d’être un titre. Il est couramment utilisé pour désigner une personne maîtrisant ou enseignant un art particulier : la conduite, la cuisine, le chant, le combat, etc. Cette notion de respect découle de la maîtrise d’un art.

Dans l’usage, le titre « Sifu » est suivi du nom de famille si celui qui l’utilise n’est pas un élève direct. Seuls les élèves utilisent « Sifu » sans nom de famille, ce qui marque un lien d’apprentissage. Par ailleurs, il existe une différence entre « élève » et « disciple » : le disciple utilise exclusivement « Sifu » comme titre, indiquant un engagement plus profond, alors que l’élève ou l’étudiant peut employer des termes plus génériques tels que « Jiaolian » (Coach) ou « Laoshi » (Professeur).

« Sifu » devient un véritable titre lorsqu’il inclut l’héritage et la responsabilité de préserver un enseignement. Ce titre n’est donc pas purement honorifique, car il contient aussi l’idée de transmission et de représentation d’une tradition.

Traduire mot pour mot un terme d’une langue à une autre sans prendre en compte les différences culturelles peut conduire à des malentendus. En français, le terme « Sifu » semble souvent galvaudé lorsqu’il est considéré uniquement comme un titre honorifique, alors qu’il est avant tout une marque de respect liée à la responsabilité de l’enseignement.

Comme le dit souvent Sifu Billy Tsé lorsqu’on l’appelle « Maître » : « Un mètre 70 ! »

Kevin

Podcast sur le Hung Gar

Je vous invite aujourd’hui à enfin découvrir l’Histoire et les spécificités du style Hung Gar Kuen (洪家拳), sûrement le plus pratiqué au monde avec le Wing Chun.

Émission proposée par Ghyslain Kuehn, rédacteur en chef du site de référence des arts martiaux chinois : www.wukongwushu.com et hôte de la chaîne Youtube Wushu Quest.

Avec la participation exceptionnel de l’école Hon Hap Kune au travers de Kevin Kim Heng, élève de maitre Billy Tsé qui a participé à l’écriture et la relecture des 8 épisodes que comporte cette série de podcast passionnante sur le Hung Gar.

Le salut Hung Gar

五湖四海皆兄弟
Des 5 lac et des 4 mers nous sommes une fraternité

Le salut Hung gar, exécuté avant chacun des tao a un sens bien plus profond qu’un simple signe de respect.

Première partie le ming 明
La main gauche ouverte représente le Ying et la tranche la lune 月
La main droite fermé représente le Yang et le jour 日
Assemblé, les 2 mots forment le caractère Ming 明, dynastie renversé par la dynastie Qin contre lequel les Hung men étaient en résistance.

Seconde partie.
Fan Qing fu Ming 反清复明
Opposé à la dynastie Qing, la société secrète des Hung men souhaitait la restauration de la dynastie des Ming. Le geste de retournement de fin de salut signifie donc le renversement du gouvernement Qing et le rétablissement de la dynastie Ming.

Troisième partie
五湖四海皆兄弟
Des 5 lac et des 4 mers nous sommes nous sommes une fraternité
La main droite représente les 5 lacs de la Chine et les 4 doigts de la main gauche dont le pouce est replié represente les 4 mers qui bordent la Chine.

Compilation :
L’unité de la fraternité des Hung Men des 5 lacs et des 4 mers de la Chine s’oppose à la dynastie Qing afin de la renverser et restaurer la dynastie légitime des Ming.

 

Relation maitre-élève Bai Shi

La relation maitre-élève dans les écoles de Kung Fu traditionnelle dépend du statut de celui-ci au sein de l’école. Nous appelons « élève externe » les élèves qui apprennent auprès d’un maitre et dont la relation est purement vénal. Le second type d’élève est appelé « élève interne » qui lui possède une relation différente non plus basée sur une relation matérielle mais quasi familiale. La distinction interne externe vient du fait que les élèves externes s’entrainent dans la cour extérieur.

Pour être qualifié « d’interne », l’élève doit une faire une demande au maitre qui, s’il accepte, procède à la cérémonie d’introduction ritualisé appelé le Bai shi (Prier/vénérer le Maitre)
Lors de la cérémonie le maitre, à savoir le Sifu, accepte le nouveau disciple comme son fils et promet de lui enseigner tout ce qu’il sait de son art.
Quant à l’élève, celui-ci jure fidélité à l’école, aux ancetres, au maitre et à l’enseignement et promets de perpétuer la tradition et l’enseignement de celui. Le disciple considère le Si fu comme son Père et accessoirement les autres disciple comme ses frères et sœurs.

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Pour illustrer mes propos, le mot « Si fu » en cantonais et « Shi Fu » en mandarin peu s’écrire de 2 façons
師傅 qui signifie maitre, instructeur, tuteur
師父 qui signifie maitre-père le父 signifiant concrètement paternel et a une portée plus symbolique

Certains films ancien ou récent comme the grandmaster de Wong Kar Wai montre ce genre de cérémonie.