Le Yat Gee Sau, la main à 1 Doigt

Technique caractéristique du Hung Gar, main en forme de tigre pouce vers la paume et l’index levé vers le ciel. Le Yat Gee Sauf est présent dans la conscience populaire comme étant une technique rattaché au Kung Fu mais qui connait son utilité et son origine?
Largement répandue par l’industrie cinématographique honkongaise des années 80, ré-approprié par le le wushu moderne dans la nanquan et autre styles dont je ne connais pas l’utilité, celui-ci fait l’objet de nombreux détournements, ré appropriations et fausses croyances.

Voici mon explication, celui-ci n’est surement pas complet mais provient de plusieurs croisement et recherches auprès de plusieurs maitres.

Avant tout, cette technique n’est pas une forme de main offensives. À l’instar des formes de main comme grue, tigre, panthère, jour, soldat et papillon, cette technique ne permet pas la frappe ou présente trop d’inconvénient pour être utilisée. Elle est parfois utilisée comme technique de défense appelé Wan Kiu (pont de la déviation). Mais se pose alors la question de l’utilité de se défendre avec une forme de main qui laisse l’opportunité à l’adversaire de saisir notre doigt…

La première explication donnée aux élèves non-initiés place l’origine de cette forme de main dans la partie interne du style. En effet, le Hung Gar est connu pour ses démarrages internes d’exercice isométrique de tension dynamique et ses techniques de Tigre du Hak Se Fu – Tigre noir de shaolin enseigné par le premier moine gim si sim see. Lors des poussées vers l’avant en tigre, le fait de lever 1 doigts permets de libérer la tension du muscle de l’avant-bras et faciliter la poussée de la main tout en laissant les autres muscles du bras serrés. Cette expérience est facile à reproduire à la maison: en position Mabu, les mains en forme de tigre au niveaux des pectoraux coudes près du corps, serrez tous les muscles du haut du corps de façon à ce que chaque groupes musculaires travaillent les un contre les autres et poussez vers l’avant en accompagnant le geste d’un souffle long par la bouche. Refaites la même expérience mais en levant l’index vers le haut… vous devrez sentir la différence sur l’avant bras près du creux du coude.

Cette première explication peut être complétée par un peu d’histoire : Fin Ming, début Qing mi-XVII siècle, le gouvernement Mandchou des Qing ordonna la destruction des temples shaolin accusés d’abriter des dissidents de l’ancien régime et de fomenter des complots afin de renverser le gouvernement Qing. Suite à la destructions des temples et bateaux rouge, les moines et dissidents survivants se sont regroupés en cellules de résistance appelées communément secte ou triade aux doux noms évocateur comme la secte du Lotus Blanc, la confrérie du ciel et de la terre, la société des 3 unions, les Hung men etc… traqués par le gouvernement, disséminés dans la toute la Chine, les membres étaient alors obligés de se fondre dans la population et faire profil bas pour mener leur activitée de résistance. Afin de se reconnaitre mais aussi démasquer les agents infiltrés, les membres de la secte développèrent tout un tas de codes de reconnaissance allant de la tenue vestimentaire, le port d’accessoires ou bijoux, de la manière de manger, de parler, jusqu’à la pratique du Kung fu (qui était alors interdit). Parmi ces codes, figure le fameux Yat Gee Sau, la main à 1 doigt.
L’explication de cette technique est poétique et fait écho aux troubles politiques de l’époque. Le mot d’ordre des résistants était 反清复明Fan Qin Fu Ming soit « renverser les Qing, rétablir les Ming ». En effet, les différentes sectes, clans et autre factions de résistance avaient pour objectif commun de renverser le gouvernement en place. C’est à ce cri de ralliement que la technique du 1 doigt fait référence. En effet, parmi les nombreuses explications, l’une d’entre elles fait référence à cette fameuse phrase avec le texte suivant : « Si tous les Hans (chinois) ne levait qu’un seul doigts, alors nous pourrions reverser le gouvernement (dynastie) illégitime des Qing ».

Exécuté parfaitement, cette technique des 3 extensions montre son appartenance à la secte. Mal exécuté, le pratiquant pouvait être soupçonné d’être un agent infiltré et exécuté. Les initiés étaient généralement des pratiquants de kung fu ou on reçus une éducation martial. D’ailleurs je me permets aussi de parler d’une théorie selon laquelle les Taolu, panel de toutes les techniques d’un style, sont née de ce besoin d’enseigner et répandre le kung fu à un plus grand nombre de manière discrète, standardisé, autonome et rapide. Les Taolu de Hung Gar dates pour leur grande majorité de cette époque càd la destruction de shaolin sud (resistance) mais cela est une autre histoire.

D’autre explications existent et dépendent beaucoup des branches mais chacun se rapproche de près ou de loin aux activités de résistance de l’époque.

Ainsi la technique du 1 doigts prend tout son sens dans une vision historique de la pratique de notre style. Maintes fois copiée, interprétée et détournée, la technique du 1 doigt demeure d’abord et avant tout un signe de ralliement et d’appartenance à la famille Hung.