Tous les articles par honhapkune

Les doubles dagues dans le wushu

L’image d’une femme chinoise tirant de son chignon deux dagues affûtées pour vaincre ses adversaires est devenue emblématique du cinéma et de la littérature wuxia. On la retrouve dans de nombreux films, opéras et romans. Mais quelle est la part de réalité historique derrière ces armes ?

Dans la Chine impériale, les femmes n’avaient généralement pas le droit de porter des armes visibles en public. Pourtant, dans les familles pratiquant les arts martiaux, dans les milieux militaires ou dans les sociétés secrètes, certaines femmes étaient formées au combat, à l’autodéfense ou à des missions de transport ou d’espionnage.

Pour contourner les contraintes sociales, elles utilisaient parfois des armes petites, discrètes et facilement dissimulables.

Parmi les plus célèbres :

•Épingle de cheveux dont la tige était une lame

•Aiguille de cheveux, accessoire de coiffure parfois affûté

•Aiguilles volantes métalliques à lancer

•Dague courte les fameuses bi shou, simple ou double (shuang)

Bien qu’elles ne soient pas destinées au combat de mêlée, ces armes constituaient pour les femmes un moyen de protection ou d’assassinat, discret et efficace.

Dans les arts martiaux traditionnels du Sud de la Chine on apprend à manipuler des armes dissimulables destinées aux femmes, notamment dans l’autodéfense familiale ou dans les milieux liés aux sociétés secrètes.

Bien que les dagues dissimulées dans les cheveux n’aient plus d’usage contemporain, leur image influence encore les chorégraphies de taolu de double dagues dans certains styles du Sud

Les Shuang Bi Shou 匕首雙

Les 匕首雙 désignent les double-dagues, conçues pour être utilisées par pair en combat rapproché. Ces armes appartiennent à la catégorie des armes courtes et double qui privilégiées la rapidité et la maniabilité.

Les dagues existent en Chine depuis l’Antiquité, mais l’usage coordonné de deux dagues apparaît surtout fin de la dynastie Ming jusqu’à la dynastie Qing dans les milieux civile et les sociétés secrètes.

Dans certaines écoles du Sud, elles se sont popularisées auprès des combattants qui cherchent : la mobilité, le combat en espaces étroits (escaliers, ruelles, intérieurs, dans les bateau rouges), la neutralisation rapide à courte distance

Les double-dagues varient selon les régions, mais on retrouve des caractéristiques communes :

~25–40 cm par dague, lame droite ou légèrement courbe, un ou deux tranchants

Garde souvent réduite pour garder la compacité.

Manche courte pour une prise ferme.

Suffisamment léger pour des mouvements rapides.

Les versions moderne incluent des anneaux autour de cette poignée qui permettent de faire tinter les armes ainsi que des foulards.

Fait interessant les foulard ne sont pas en contradiction avec la nécessité de dissimulation car celui-ci permet de cacher les dagues aux yeux de tous et même lors de son utilisation.

En utilisation, les shuāng bǐshǒu se distinguent des armes longues ou lourdes : ce sont des armes de précision, de vitesse et de flux continu. La prise peut être droite ou inverse.

Les principes fondamentaux sont les suivants :

•Coordination des deux mains

•Attaque et défense simultanées

•Mouvement angulaire pour contourner la garde adverse

•Visée des articulations, muscles et parties vitales

•Travail en proximité immédiate

•Changement de prise rapide pour varier la manipulation

Les techniques et stratégie sont :

•Les dagues sont toujours cachées sauf durant les frappes.

•Une dague parre, l’autre frappe

•Une dague piège le bras, l’autre frappe

•Alternance très rapide d’attaque pour submerger la défense

•Privilegier la lutte pour déstabiliser et frapper

•Déplacement rapide et agile du corps

On retrouve les shuāng bǐshǒu dans plusieurs écoles du Sud, dont : le Choy Li Fut, le Hung Gar, Fut Gar, Mok Gar, Styles Hakka (pak mei entre autres).

Hon Hap Kune Champion du monde

🥇🥈 Hon Hap Kune Torcy brille sur la scène internationale 🇫🇷

Lors du 10ᵉ Championnat du Monde de Kung Fu (World Kungfu Championships), organisé par la Fédération Internationale de Wushu (IWUF), 2 élèves de l’association Hon Hap Kune de Torcy, ont brillamment remporté plusieurs médailles.

📍 Lieu : Mont Emeishan, Sichuan (Chine)

📅 Dates : du 14 au 20 octobre 2025

🌏 Participants : plus de 5 000 athlètes issus de 54 nations et régions

🏆 Résultats : 4 medailles

🥇 1ʳᵉ place — Bâton (Gun Shu)

🥈🥈 2ᵉ place — Main nue (Nan Quan)

🥉 3ᵉ place — Poignards (Shuang Bi Shou)

Depuis 1993, Sifu Billy Tsé, maître de Tai Chi Wu et de Kung Fu Hon Hap Kune, transmet son savoir à Torcy, formant ses élèves à l’excellence et aux techniques traditionnelles chinoises.

L’association propose des cours accessibles à tous niveaux, permettant de découvrir et pratiquer Kung Fu traditionnel, Tai Chi Wu et Hon Hap Kune, et de perpétuer un héritage martial reconnu internationalement.

Hon Hap Kune Torcy : plus de 30 ans de transmission, d’excellence et de succès internationaux.

https://www.facebook.com/photo/?fbid=1375110924625438&set=a.373023974834143

Avoir du cœur, du souffle et de l’énergie

Text motivation

Les démonstrations sur le tapis ne sont pas de simples performances scéniques.
Elles sont un engagement total du pratiquant, une expression de son art, de sa maîtrise et de son âme. Le public — ou le jury — n’évalue pas seulement la technicité du mouvement, mais aussi l’esthétique, l’intention, l’expressivité et la présence scénique.

Quel que soit le style — Taolu, Kata, Poomsae, etc. — chaque forme reste avant tout un combat imaginaire.
Un affrontement contre des adversaires invisibles, que le pratiquant doit dominer avec ses techniques, son mental et son esprit. Chaque geste doit avoir un sens, une cible, une fonction : attaque, défense, projection, esquive… Rien n’est décoratif.

Pour que la prestation devienne vivante, crédible et puissante, il faut réunir trois forces essentielles :
🔥 le cœur, pour insuffler l’intention et l’émotion ;
💨 le souffle, pour donner rythme, continuité et maîtrise ;
la sauvagerie / l’explosivité, pour libérer l’impact, l’intensité, la détermination.

À cela s’ajoutent bien sûr la technique et les qualités physiques — mais sans ces éléments, aucune démonstration ne peut réellement toucher.

La tête, elle, guide toujours avant que le corps ne frappe.
C’est le regard qui porte l’intention, qui annonce l’action, qui fait naître l’adversaire imaginaire dans l’esprit du spectateur. Vivez chaque mouvement jusqu’au bout. Laissez vos émotions traverser votre geste. Si le jury ou le public ressent votre rage, votre calme, votre détermination, alors il comprendra votre message.

Image : le guerrier qui balaie l’ombre de ses doutes.

Image : le guerrier qui balaie l’ombre de ses doutes.

La famille Wu : l’héritage vivant du Tai Chi Chuan

Les origines : Wu Jianquan (吳鑑泉 / Wú Jiànquán)

Les origines : Wu Jianquan (吳鑑泉 / Wú Jiànquán)

Voici une première photo datant des années 1930.
Au centre, vous reconnaîtrez peut-être Wu Jianquan, figure emblématique du style Wu de Tai Chi Chuan.

Son portrait vous est familier : il est affiché devant vous à chaque entraînement.
Dans de nombreuses disciplines martiales, il est d’usage d’honorer le fondateur en exposant son image.

Ce geste, simple en apparence, transmet bien plus qu’une photo :

  • Il installe une atmosphère faite de rigueur, de concentration et de respect.
  • Il nous rappelle que le Tai Chi Chuan que nous pratiquons aujourd’hui s’inscrit dans une lignée, transmise de génération en génération, jusqu’à notre propre maître.

Même sans connaître toute l’histoire du Tai Chi Chuan, on ressent intuitivement que ce qui est enseigné est un héritage vivant, un art transmis avec soin, dans le respect de ses racines et de ses principes.


📖 Un peu d’histoire…

🧧 Maître Wu Jianquan (1870 – 1942)

Fils de Wu Quanyou (吳全佑 / Wú Quányòu), officier mandchou de la garde impériale et élève de Yang Luchan (楊露禪 / Yáng Lùchán), fondateur du style Yang,
Wu Jianquan enseigna le Tai Chi Chuan au 11ᵉ corps de la garde présidentielle, formant ainsi les gardes du palais et les élites militaires.

En 1936, il fonde à Shanghai la Jianquan Taijiquan Association, qui deviendra un centre majeur de diffusion du style Wu.

Les familles Wu et Yang, très proches, collaborèrent longtemps sur le développement du Tai Chi Chuan.
Mais c’est Wu Jianquan qui adapta la pratique pour la rendre accessible à tous, marquant ainsi la naissance du style Wu tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il eut deux fils — Wu Gongyi (1900 – 1970) et Wu Gongzao (l’un des maîtres de Maître Billy Tsé) — ainsi qu’une fille, Wu Yinghua (吳英華 / Wú Yīnghuá).


Ma Yueliang (馬岳樑 / Mǎ Yuèliáng) et ses élèves

Ma Yueliang (馬岳樑 / Mǎ Yuèliáng) et ses élèves

Sur cette deuxième photo, on voit Ma Yueliang, au centre, tenant un éventail, entouré de ses élèves.

Issu d’une famille mandchoue, peuple nomade réputé pour sa maîtrise du combat rapproché, Ma Yueliang fut disciple de Wu Jianquan.
Durant sa formation, il rencontra Wu Yinghua, la fille du maître, qu’il épousa en 1930.
Ensemble, ils eurent plusieurs enfants et participèrent activement à la diffusion du style Wu en Chine et dans le monde.


La transmission : la famille Ma

Cette dernière photo montre la famille Ma :
Wu Yinghua, Ma Yueliang et, à droite, leur fils Ma Jiangbao (馬江豹 / Mǎ Jiāngbào).

C’est ce dernier qui jouera un rôle essentiel dans la transmission du Tai Chi Chuan Wu en Europe, notamment auprès de Maître Billy Tsé.

La poésie du Kung-Fu

Chaque style possède sa propre panoplie de techniques — des gestes d’attaque et de défense qui forment l’alphabet de notre kung-fu.

Ces exercices fondamentaux, où chaque mouvement devient une lettre gravée dans le corps, s’enchaînent pour devenir des mots. Ensemble, ils forment le vocabulaire corporel de notre art.

Vient ensuite la posture, la respiration, la fluidité intérieure : c’est le shen fa, la calligraphie du kung-fu, où le corps devient pinceau et l’espace, la page blanche. C’est la manière d’écrire, la plume invisible qui façonne le style et donne une âme à nos mots.

Les enchaînements codifiés face à des adversaires imaginaires deviennent un dialogue. Chaque technique est une conversation en mouvement, porteur d’une stratégie, d’un rythme, d’une intention. Ce sont les taolu, les chapitres d’un art martial devenu langage.

Et lorsque les mots, l’écriture et les chapitres s’unissent…

C’est un poème qui prend vie.

Un art.

Une mémoire.

Un language silencieux.

Qui transforme…

La brutalité en grâce,

La confrontation en harmonie,

Le combat en dialogue intérieur.

☯️ Tid Wan Tang

Sagesse de Chinda

« Le Tai Chi Chuan et le Kung Fu Wushu sont des termes génériques.
Avant d’envisager un changement de nom pour notre école, il est essentiel de clarifier ce que nous pratiquons réellement.

En tant qu’ancien élève — et toujours élève — du Maître Billy, je considère que notre école est une véritable perle rare, profondément ancrée dans la tradition.

Concernant le Tai Chi :

Maître Billy nous enseigne le Tai Chi de la famille Wu, à l’exception de la forme aux doubles éventails.
Personnellement, je pratique également le Tai Chi de la famille Yang, mais je suis très attaché à celui de la famille Wu, car il est plus rare et conserve une certaine originalité.

Concernant le Kung Fu :

Maître Billy nous transmet deux styles authentiques et traditionnels :
•⁠ ⁠Le style ou famille Hung (Hong)
•⁠ ⁠Le style Hap, développé par les moines tibétains

À propos du Kung Fu Wushu moderne :

Le Kung Fu Wushu tel qu’on le voit aujourd’hui en compétition a été créé il y a environ 60 ans, à peu près en même temps que la gymnastique acrobatique au sol.
Son objectif principal est la performance visuelle et athlétique. Il mélange des mouvements issus de plusieurs styles traditionnels pour produire des formes spectaculaires, destinées aux démonstrations ou aux concours.

Les pratiquants expérimentés et avertis, en quête d’une pratique traditionnelle authentique, reconnaissent que notre école est une perle rare — mais encore faut-il le faire savoir.

Ce n’est là que mon avis personnel. »

Chinda, élève avancé de sifu Tsé

Le Hung Gar à travers la cosmologie corrélative

… ou concept avec des noms pompeux mais qui signifie simplement Harmonie à 2, 3, 5 ou 12 facteurs.

Le Hung Gar est un art complet qui ne se limite pas à des techniques martiales ; il incarne une vision du monde, héritée de la pensée chinoise classique confucianiste, taoïste et bouddhiste.

On y retrouve les principes du Yin-Yang, des Cinq Éléments (五行 wǔxíng) et même des correspondances avec la nature (éléments) et les animaux.

Yin et Yang ☯️ dans la pratique

Les postures basses et enracinées (comme Ma Bu) = Yin, stable, interne.

Les frappes explosives et montantes = Yang, mobile, externe.

Un enchaînement comme le Tit Sin Kuen (鐵線拳 – « Forme des fils de fer ») joue constamment sur ces équilibres Yin/Yang, entre tension/détente, interne/externe, inspiration/expiration.

Les 3 harmonies

Comme en médecine chinoise, le but est l’équilibre dynamique. Le pratiquant de Hung Gar cherche à :

Équilibrer la force, l’endurance et l’agilité

Harmoniser le corps, le cœur et l’esprit

Aligner les énergies du souffle, de l’intention et de l’âme

Les Cinq Animaux / Cinq Éléments

Certains styles de Hung Gar, notamment celui de Wong Fei Hung, intègrent les cinq animaux :

Tigre, Grue, Léopard, Serpent, Dragon

Ces animaux peuvent être corrélés aux cinq éléments :

Feu, Terre, Métal, Eau, Bois

Chaque animal incarne une énergie spécifique, un organe, une saison, et même une émotion selon la cosmologie traditionnelle.

Les 12 ponts

Les 12 ponts du Hung Gar (十二橋) représentent les principes fondamentaux de connexion, tant sur le plan martial qu’énergétique. Ils servent à relier l’interne et l’externe, le visible et l’invisible, l’action et l’intention.

Ces ponts ne sont pas que physiques (les bras, la structure, armes), ce sont aussi des attitudes mentales et spirituelles qui permettent de traverser les oppositions, d’absorber et de transformer la force de l’adversaire.

Parmi ces 12 ponts, on retrouve des concepts comme :

Gong (force), Yau (souplesse), Jik (directe), tai (soulevement), Fan (retournement) etc…

Chaque pont a son aspect yin et yang, son application martiale et son interprétation énergétique. Leur maîtrise permet au pratiquant de faire le lien entre la forme et l’essence, entre le geste et le sens.

Discutons de la légitimité

Dans le monde du wushu, la légitimité fait référence à la reconnaissance d’un pratiquant en tant que représentant crédible et légitime d’un style, d’une école ou d’un courant. Elle se construit à travers le parcours, l’enseignement reçu, les résultats obtenus et l’engagement dans la transmission. Être légitime, ce n’est pas seulement savoir faire : c’est aussi être reconnu comme porteur d’un savoir, d’une tradition ou d’une expertise digne de respect.

En tant que pratiquants, nous consacrons des années à forger notre corps et notre esprit dans la quête de maîtrise. Mais au-delà de cette progression personnelle, nous construisons également notre légitimité en tant qu’enseignants, avec pour objectif de transmettre notre art aux générations futures.

La légitimité peut revêtir plusieurs formes. Elle peut être transmise ou construite, et parfois, elle émerge simplement par l’exercice même de l’enseignement. Chacune de ces formes a ses spécificités, ses forces et ses limites.

➡️La légitimité par transmission

C’est probablement la plus intuitive à comprendre : un enseignant ayant lui-même reçu un enseignement long et significatif de la part d’un maître reconnu. Cette légitimité repose sur le temps passé, l’intensité de la pratique, et la reconnaissance d’un lien maître-disciple. Elle peut être formalisée par un titre, un diplôme ou une désignation explicite comme représentant d’une lignée.

Paradoxalement, c’est aussi la plus exigeante. Elle suppose loyauté, exemplarité, et la prise en charge de responsabilités au sein de l’école ou de la tradition.

➡️La légitimité construite

Elle se fonde sur des éléments que l’on acquiert ou bâtit par soi-même. Cela peut inclure :

Des titres remportés en compétition, que ce soit en technique ou en combat ;

Des grades ou diplômes fédéraux, qui donnent une légitimité dite “officielle” ou légale ;

Une réputation construite sur des faits d’armes, des démonstrations impressionnantes, voire parfois des récits légendaires ;

Une auto-formation sérieuse, nourrie de stages, de lectures, de vidéos — bien que cela ne permette généralement pas de revendiquer l’appartenance à une lignée ou une école traditionnelle.

➡️La légitimité de fait (ou d’opportunité)

Il enseigne. Point.

Parfois, la simple action de transmettre, sans reconnaissance formelle ni filiation directe, suffit à établir une forme de légitimité. Elle peut être temporaire, contestée, ou validée a posteriori par les résultats obtenus.

☯️Pour terminer, il est évident que ces formes de légitimité ne pèsent pas toutes de la même manière selon les individus. Certains valorisent avant tout la lignée et la profondeur de la transmission. D’autres ne jurent que par l’efficacité martiale ou les résultats en compétition. D’autres encore se fient aux diplômes officiels.

Et vous ?

Comment définissez-vous votre propre légitimité ?

Quelle importance accordez-vous à ces différentes formes de reconnaissance ?

Illustration proposée : Une enfant pratiquant le Wushu sous l’œil bienveillant de son sifu, agenouillé à hauteur des autres enfants.

Le Wushu : Héritage des Temps Anciens à l’Ère du 2.0

Dans une société moderne où l’on privilégie le gain immédiat et la connaissance superficielle, l’individu se perd souvent dans une illusion de réussite virtuelle. Pourtant, certains continuent de chercher l’accomplissement à travers l’effort personnel, en s’engageant dans la pratique d’un art traditionnel.

Devenir sifu, enseigner le Wushu (Kung Fu) et former des élèves reste le rêve de nombreux pratiquants. Mais dans sa tradition, le Wushu est avant tout une affaire de transmission, un lien profond entre maître et disciple. Le rôle du maître ne se limite pas à enseigner des techniques : il transmet aussi une culture, une histoire, une philosophie. L’élève ne doit pas seulement apprendre à reproduire des mouvements, mais à comprendre l’essence du Quan, au-delà de l’esthétique.

Le maître observe, évalue, façonne. Il jauge les valeurs morales et l’engagement de son élève, et décide, le moment venu, de transmettre un savoir, un titre, ou un héritage. Cette étape charnière prend souvent la forme d’une cérémonie d’acceptation, acte symbolique par lequel le maître accorde son nom, sa confiance, et une responsabilité : celle de perpétuer la lignée.

Mais cette vision, aussi noble soit-elle, exige du temps, de la patience et une proximité réelle avec le maître – des conditions de plus en plus difficiles à réunir dans un monde régi par la rapidité et la rentabilité. L’approche moderne du Wushu est souvent plus individualiste, parfois vénale. Le pratiquant n’a plus besoin de consacrer des années à l’étude auprès d’un seul maître. Il peut voyager, suivre des stages à l’autre bout du monde, accumuler des certifications, apprendre dans des livres ou via des vidéos. Il peut obtenir des grades officiels, briller en compétition, et, à 25 ans, ouvrir légalement son école et enseigner.

Cela soulève alors plusieurs questions essentielles :

Quand devient-on véritablement sifu ? (et je ne parle pas ici de coach sportif)

À quel moment notre légitimité à transmettre est-elle fondée ?

Quels savoirs sont indispensables pour transmettre ?

Peut-on encore parler de transmission traditionnelle à l’ère moderne ?

Chacun place son curseur là où il le souhaite. Pour certains, il suffit d’une tenue jaune pour s’autoproclamer sifu et créer une école « traditionnelle ».

Pour d’autres, une vie entière ne suffira pas à assumer ce titre, et ils garderont leurs connaissances jusqu’à leur dernier souffle.

Les anneaux d’acier

Beaucoup se posent des questions sur cet instrument alors essayons d’y répondre simplement

Poids et matériaux :
Il existe 2 types d’anneaux :

Les standards, produits en masse, généralement en acier ou en laiton, pesant entre 600g et 650g selon leur diamètre

Les non standards, qui peuvent être de poids et de matériaux divers, comme en fer, plomb ou aluminium.

Utilité :
Ce sont des outils d’entraînement et en aucun cas des armes. Aucun document, témoignage ou trace d’anneaux de combat n’existe dans l’histoire militaire ou civile. En effet, combattre avec un tel handicap sur un champ de bataille ou ailleurs relève de la pure folie. Malgré la protection qu’elles apportent (quoique discutable), leur poids et l’effet cinétique qu’elles génèrent relèvent véritablement du handicap, tant sur la vitesse que sur la précision, et n’apportent aucun avantage autre que de taper plus fort. Ceci dit, ça fonctionne pour des coups de type marteau.

Pour revenir à l’utilité de cet instrument, celui-ci :

  • Développe la qualité de vos techniques en ralentissant vos mouvements et en entravant la puissance. De plus, le pratiquant apprend à ne pas exécuter ses techniques en surtension (bras totalement tendus) pour ne pas se blesser au niveau des articulations.
  • Développe la concentration et la maîtrise de la technique, car chaque mouvement doit être décomposé pour être exécuté correctement.
  • Développe la stabilité, l’ancrage, l’équilibre des positions et la structure du corps.
  • Développe la maîtrise de l’énergie. L’utilisation des anneaux force le porteur à déployer de l’énergie pour exécuter mais aussi pour arrêter la technique sans se faire emporter par sa propre force. Le porteur prend conscience de la force d’arrêt et de l’utilité d’une position stable.
  • Développe la force, la puissance et l’endurance du pratiquant de manière assez mécanique, selon le nombre d’anneaux et la longueur des Tao, comme les longs piliers de Hung Gar qui comportent 108 mouvements.
  • Renforce les poignets, désensibilise les avant-bras et force les élèves à avoir le poing bien droit pour ne pas casser le poignet lors de la frappe.
  • (Optionnel) Donne un aspect esthétique sympathique, car pour peu que vous ayez des muscles, vous pouvez impressionner avec un bel effet visuel.
  • (Optionnel) Entraîne votre tolérance au bruit, car ça fait un boucan du diable près des oreilles.

Utilisation :
Les anneaux sont généralement portés lors des entraînements pour l’exécution d’exercices divers, tels que les tensions dynamiques, posturales, de frappe et bien sûr les Tao. Selon les écoles et les maîtres, l’utilisation des anneaux dans les Taolu peut grandement varier. Certaines écoles acceptent l’utilisation des anneaux sur n’importe quel Taolu.

Peut-on utiliser les anneaux dans d’autres styles ?
L’utilisation des anneaux est largement possible dans d’autres styles, mais cela nécessite une adaptation des techniques et même des positions, car, comme expliqué plus haut, l’ancrage est important pour ne pas être emporté par la force cinétique. Je pense particulièrement au Choy Lee Fut, où l’utilisation des techniques de balancier comme le Gwa Sau Kaap n’est pas adaptée et les risques de perdre un anneau en les projetant sont importants.

Comment s’en procurer ?
Pas de secret : Alibaba, Dragonsport, WushuGuan ou directement en Chine. Mais le prix est élevé à cause des frais de transport, environ 30€ pour la paire. Pour info, en Chine, un anneau coûte entre 15 et 20 RMB, soit environ 2€.

Est-il possible de les remplacer par des poids pour poignets ?
C’est un bon début pour travailler, mais c’est comme travailler le sabre avec un bâton de la même taille.
De plus, chaque anneau étant indépendant des autres, en bout de course, il faut prendre en compte l’addition de la force de chaque anneau, ce qui est plus difficile que d’arrêter un seul gros bloc. En gros, c’est e = mc² versus e = mc² × X avec M > m.

Avec combien d’anneaux ai-je commencé ?
J’ai commencé avec 5 anneaux à chaque bras pour arriver à 8, mais il faut savoir que j’étais déjà de bonne constitution (+80 kg). Je conseille donc de commencer avec 3 anneaux et d’augmenter leur nombre progressivement.

Conseils :

  • Pas d’anneaux pour les enfants en croissance.
  • Travailler les anneaux uniquement sur des Tao que vous maîtrisez.
  • Ne pas aller trop vite pour ne pas se blesser.
  • Éviter de faire cela à la maison, les voisins n’apprécient généralement pas le bruit.
  • Le premier anneau doit être suffisamment petit pour être bloqué par un poing fermé.
  • Ça fait méchamment mal au dos, alors allez-y mollo.