L’image d’une femme chinoise tirant de son chignon deux dagues affûtées pour vaincre ses adversaires est devenue emblématique du cinéma et de la littérature wuxia. On la retrouve dans de nombreux films, opéras et romans. Mais quelle est la part de réalité historique derrière ces armes ?
Dans la Chine impériale, les femmes n’avaient généralement pas le droit de porter des armes visibles en public. Pourtant, dans les familles pratiquant les arts martiaux, dans les milieux militaires ou dans les sociétés secrètes, certaines femmes étaient formées au combat, à l’autodéfense ou à des missions de transport ou d’espionnage.
Pour contourner les contraintes sociales, elles utilisaient parfois des armes petites, discrètes et facilement dissimulables.
Parmi les plus célèbres :
•Épingle de cheveux dont la tige était une lame
•Aiguille de cheveux, accessoire de coiffure parfois affûté
•Aiguilles volantes métalliques à lancer
•Dague courte les fameuses bi shou, simple ou double (shuang)
Bien qu’elles ne soient pas destinées au combat de mêlée, ces armes constituaient pour les femmes un moyen de protection ou d’assassinat, discret et efficace.
Dans les arts martiaux traditionnels du Sud de la Chine on apprend à manipuler des armes dissimulables destinées aux femmes, notamment dans l’autodéfense familiale ou dans les milieux liés aux sociétés secrètes.
Bien que les dagues dissimulées dans les cheveux n’aient plus d’usage contemporain, leur image influence encore les chorégraphies de taolu de double dagues dans certains styles du Sud
Les Shuang Bi Shou 匕首雙
Les 匕首雙 désignent les double-dagues, conçues pour être utilisées par pair en combat rapproché. Ces armes appartiennent à la catégorie des armes courtes et double qui privilégiées la rapidité et la maniabilité.
Les dagues existent en Chine depuis l’Antiquité, mais l’usage coordonné de deux dagues apparaît surtout fin de la dynastie Ming jusqu’à la dynastie Qing dans les milieux civile et les sociétés secrètes.
Dans certaines écoles du Sud, elles se sont popularisées auprès des combattants qui cherchent : la mobilité, le combat en espaces étroits (escaliers, ruelles, intérieurs, dans les bateau rouges), la neutralisation rapide à courte distance
Les double-dagues varient selon les régions, mais on retrouve des caractéristiques communes :
~25–40 cm par dague, lame droite ou légèrement courbe, un ou deux tranchants
Garde souvent réduite pour garder la compacité.
Manche courte pour une prise ferme.
Suffisamment léger pour des mouvements rapides.
Les versions moderne incluent des anneaux autour de cette poignée qui permettent de faire tinter les armes ainsi que des foulards.
Fait interessant les foulard ne sont pas en contradiction avec la nécessité de dissimulation car celui-ci permet de cacher les dagues aux yeux de tous et même lors de son utilisation.
En utilisation, les shuāng bǐshǒu se distinguent des armes longues ou lourdes : ce sont des armes de précision, de vitesse et de flux continu. La prise peut être droite ou inverse.
Les principes fondamentaux sont les suivants :
•Coordination des deux mains
•Attaque et défense simultanées
•Mouvement angulaire pour contourner la garde adverse
•Visée des articulations, muscles et parties vitales
•Travail en proximité immédiate
•Changement de prise rapide pour varier la manipulation
Les techniques et stratégie sont :
•Les dagues sont toujours cachées sauf durant les frappes.
•Une dague parre, l’autre frappe
•Une dague piège le bras, l’autre frappe
•Alternance très rapide d’attaque pour submerger la défense
•Privilegier la lutte pour déstabiliser et frapper
•Déplacement rapide et agile du corps
On retrouve les shuāng bǐshǒu dans plusieurs écoles du Sud, dont : le Choy Li Fut, le Hung Gar, Fut Gar, Mok Gar, Styles Hakka (pak mei entre autres).



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